• Liberté.

    Je veux marcher, courbé sous le soleil d'Enfer de l'Ardèche en plein été. Je veux entendre le chant des cigales pendant que ma peau chauffe sous le ciel sans tache. Je veux dévaler des sentiers rocailleux au milieu des pins, sentir l'odeur des pêches et des abricots sur les marchés, m'arrêter en haut d'une falaise et contempler la rivière en contrebas. Je veux plonger du haut d'un rocher, mon vélo posé sur les pierres plates et mon sac accroché en haut d'un arbre surplombant l'eau.

    Je veux courir sur les plages de Bretagne, avec les cris des mouettes résonnant à mes oreilles. Je veux parcourir les abords de la mer et sentir le vent siffler à mes oreilles. Je veux observer les bateaux de pêche, marcher dans les ruines d'une vieille tour, m'allonger au pied d'un menhir posé au hasard d'une plaine de rocailles. Je veux faire cuire ma nourriture sur un feu crépitant, perdu au milieu de la forêt de Brocéliande.

    Je veux vagabonder parmi les fleurs de Normandie, voir les cargos quitter le Havre assis sur une plage à l'embouchure de la Seine. Je veux marcher aux côtés des vaches et des prés. Je veux sauter par dessus de vieux barbelés et somnoler sur une plage immense et vide.

    Je ne veux pas m'endormir sur un siège de métro parisien. Je ne veux pas écouter la voix sortant des hauts-parleurs du RER, la dernière publicité du gouvernement français vantant la réforme des retraites. Je ne veux pas marcher dans les rayons d'un supermarché. Je ne veux pas m'enfermer tout seul dans les tristes locaux gris d'une école professionelle alors que je fuyais justement l'Education Nationale.  

    Nous sommes réellement dans un État totalitaire qui vante ses propres lois sur des radios publiques. Qui enferme des jeunes sans preuves. Qui tue et surtout, empêche de vivre.
    Je ne veux pas être ici. Même si cet État règne aussi partout ailleurs, ici, j'ai peur.

    Je voudrais courir sur les plages de galets d'Ardèche mais je la sens s'éloigner de moi, à la façon d'un mirage qui reste toujours aussi inaccessible malgré les efforts. Je voudrais pédaler sur les routes de Bretagne mais elles ressemblent déjà aux tristes routes de la banlieue parisienne urbanisée. Je voudrais marcher sur les chemins de Normandie mais les HLMs les bordent déjà.

    En réalité, je l'avoue ; réussir à me libérer de ce Monde ne me suffit pas.
    Je le dis, nous sommes foutus, nous ne nous libérerons pas. Nous ne serons jamais libres.
    Nous sommes comme ces animaux nés en zoos, des ombres de singes et de fauves. Avant même de naître, ils sont morts. Ce ne sont que des copies pâles d'animaux, atrophiés, mutilés. N'ayant jamais connu la liberté, ils ne fuient pas même si l'on ouvre la porte de la cage : la peur insurmontable d'une liberté inconnue.
    La peur.
    Nous nous battrons pour les humains qui suivront. Nous essayerons d'être libres, mais nous serons à jamais désespérés car nous savons déjà que nous ne le serons pas...
    Nous ne serons pas libres, soit. Mais nous ne nous contenterons pas de votre Monde, et nous ne l'accepterons pas.

    SMOKING KILLS.
    SMOKING KILLS.
    SMOKING KILLS and so does Mr. President.


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    chêne
    Lundi 12 Juillet 2010 à 22:26
    il y a toujours de l'espoir.

    si l'on dit dès le début que le monde n'a aucune chance, c'est sur qu'il ne pourra jamais s'ameliorer. Si l'on est persuadé que l'on ne sera jamais libre, alors briser ses chaînes devient un fait impossible. et si nous sommes morts avant d'être nés, comment ça se fait que certains arrivent toutefois à traverser les barrières du système et à voir le monde à travers des yeux nouveaux?

    Chaque amas de boue et de détritus contient son brin d'herbe. La vie est possible, le bonheur est à portée de main. C'est facile de regarder autour de soi, et de ne voir que les ombres des objets et les ténèbres envahissant les coeurs de chaque être... mais pour trouver la beauté, il faut réellement ouvrir son coeur et son esprit au monde qui nous entoure.

    On est libre si on le choisit.
    2
    Jeudi 2 Septembre 2010 à 12:16
    Bien dit chêne...
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :