• La Défense (2)

    La Défense. Ca brille tristement, c'est haut et c'est laid, surtout.
    Du gris et du vert. De l'acier et du verre. Triomphe du Progrès.
    Une zone industrielle.

    Des costards noir qui avancent. Remplis par des choses qu'on appelle encore "Humains". Tu parles. Ce qui reste d'humain là-dedans, c'est l'anus, la bite et les yeux. Ca continue à regarder, à bander et à chier, mais à part ça c'est mort. C'est la Mort. Ce sont tous des morts qui avancent encore, aussi laids que leurs vies, aussi vides que leurs portefeuilles sont pleins, aussi sombres que leurs cravates, aussi lisses que les tours où ils travaillent.

    Ils sont morts. Mêmes les plus beaux d'entre eux ont quelque chose de laid au coin de la bouche, en haut du front, à la limite des yeux. Ils avancent. Ils sont pressés. Ils lèchent le cul du supérieur parce qu'ils n'aspirent qu'à lui ressembler, à le remplacer. Compétition. Le mot sacré.

    Pas seulement. En réalité, ils n'existent pas. Ils n'existent que dans l'oppression qu'ils opèrent sur le "petit peuple". Le personnel. Ils n'existent que dans l'oppression tout court, en fait.
    Ils ont des femmes de ménage, voire des domestiques pour les mieux placés. Au bureau, mais aussi chez eux. Parfois, ils s'agit de leur femme. Ou de leur mari. Ou d'une personne inconnue qu'ils méprisent avec complaisance, qui est invisible humainement pour eux et qui n'en a rien à foutre de leur nettoyer leur maison, mais qui le fait pour les miettes qu'ils daigneront lui laisser. Pourtant, c'est elle qui les nettoie, les miettes.
    Ils ne nettoient pas leur bureau, ils ne font pas leur bouffe, ils ne fabriquent pas ce qu'ils vendent, ils ne produisent rien, tout ce qu'ils possèdent vient de la production de ceux qu'ils méprisent. Ils ne vivent que pour le fric. Et puis aussi un peu, pour en jouir. Pour leur petite femme et leurs potes, assistés eux aussi. Et après les libéraux de droite crachent sur "l'assistanat" !

    Je ne vous apprend rien.

    Ils sont déjà morts.
    Bronzés, temps grisonnantes, têtes de supermarché. Consomme.
    Ils ne voient pas le problème ! Après tout, ils ne sont pas rentier, "eux aussi" ils bossent.
    "Sans eux, les produits ne seraient pas vendus, donc bon, hein, tous ces ouvriers devraient leur être reconnaissants".
    Après tout, ils les laissent leur rénover leurs baraques, leurs construire des bagnoles et des piscines. Comme ils sont généreux.
    Sans eux, putain, qu'est-ce qu'ils feraient, tous ces sales prolos ?

    Et bien ils seraient libres.
    Libres comme des hommes et des femmes.


    Qu'on reprenne à César ce qui est à nous.


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    WUQbeetGuF
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 18:48
    Ho ho, who wuolda thunk it, right?
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :