• Colère mélancolique.

     

    Thomas, près de moi, parle avec un ami de son départ.
    Il dit à propos de ses parents : "Je ne vais pas souffrir pour qu'eux aient un semblant de sécurité."

    Je pense pareil. Si je sais qu'ils souffrent, je sais aussi que je n'y peux rien, et ce sentiment d'impuissance me fait mal. La souffrance d'un autre, quel qu'il soit, ne m'a jamais laissé indifférent, et c'est peut-être même pour cette raison que j'en suis venu à penser ce que je pense. Rentrer et aller dans les locaux trop propres des Gobelins n'est absolument pas une solution, et quiconque le prétend s'imagine qu'être enfermé à travailler contre sa volonté ne provoque que peu de souffrance. Puisque j'ai décidé que je ne m'y enfermerais pas seul, je m'oppose à quiconque veut le faire à ma place.

    Si je veux partir sur les routes, c'est par recherche d'une vie pleine d'aventures et de liberté. Mon trop-plein d'énergie vitale déborde, et il n'est pas question de le laisser se morfondre dans les sombres substituts de cette civilisation, jeux vidéo ou films à s'en faire exploser les globes oculaires.
    On me dit que je ne suis pas raisonnable, responsable. Et bien, non. Effectivement.
    Admettre que la vie puisse être basée sur la raison, c'est détruire toute possibilité de vie.

    Je veux devenir un wanderer, le voyageur, l'errant libre de toutes entraves. Je veux vivre en riant, marcher en dansant, mépriser le lendemain. Grimper dans les arbres, courir sur les routes délaissées, danser en haut d'une montagne, me baigner dans un ruisseau clair, dormir au fond d'une vallée. Certes, je ne serai pas capable de vivre en autarcie complète, pas encore. Je ne serai pas un primitif ou un sauvage, du simple fait que je serai souvent seul. Je me souviens d'Ismael dansant en riant sur les routes du sud de Brest, de nous délirant en se foutant de la direction, et cette pensée me réjouit.

    Je veux parcourir la Terre, savoir vivre partout, marcher pieds nus sur le sable d'une plage où mon bivouac installé m'attendra pour la nuit.
    Je ne peux pas rester chez moi à apprendre entouré de livres et de manuels pour la vie sauvage. Je veux vivre, voyager léger, rencontrer des gens et visiter les éco-villages ou les lieux en autarcie, apprendre de ces gens et de leur savoir, connaître, comprendre. Me découvrir moi-même, discuter seul, même si je commence entouré. Sur la route, on est souvent seul, même si d'autres vagabonds sont de l'autre côté du chemin.

    J'aimerais que chacun s'éloigne de la pyramide qu'est ce monde, mais je suis trop amoureux de la liberté, de l'individu, pour imaginer imposer cela à quiconque. Tout ce que je peux faire, c'est devenir ce que je souhaite, prouver à tous et surtout aux jeunes que je connais qu'on peut réaliser ses rêves, que travaille consomme crève n'amènera jamais le moindre confort mental réel, que l'on peut refuser de vivre sur des milliers de morts, parler de ce que je pense et que j'ai fait. Voilà ce que je peux et vais faire.

    Et pendant que j'écrivais ce texte, la police est allée chercher Thomas. Repéré, traqué. Au poste.

    Quoi qu'il en soit, la police de cet Etat ne me fait pas peur. J'ignore les lois et n'en tient aucun compte.


    Hit the road, Jack, and don't you come back no more...


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  • Commentaires

    1
    Anonymous
    Lundi 6 Septembre 2010 à 19:03
    thomas ... c'est Remas de Vert et noir ?
    2
    Lundi 6 Septembre 2010 à 19:56
    3
    Naninaine
    Mercredi 15 Septembre 2010 à 22:26
    Plus trop de nouvelles de toi ? j'espère que tu t'es tiré de la bouse inutile dans laquelle tu semblais plongé. Et aussi que tu ne t'intéresses plus tant que ça à la symbolique des actes passés, à un aspect esthétique inexistant, etc. Donc vala premier com' sur ton blog juste pour savoir où tu en es. Au plaisir de discuter et de s'arracher les cheveux toute une soirée à nouveau avec toi. =)
    4
    Remas
    Vendredi 17 Septembre 2010 à 18:57
    Salut Soja,
    ça c'est "bien" passé pour moi, enfin les policiers étaient pas méchants.
    Mais là je suis en cour en gestion des milieux naturels et de la faune, en 1er bac pro.
    C'est durdur, j'avais fait un trait sur les cours,
    j'ai du mal, je suis en réflexion, je sais pas trop se que je vais faire.
    Un peu le dilemme d'avant la fu**gue.

    Bonne chance à toi,
    à bientôt.
    5
    soja
    Vendredi 17 Septembre 2010 à 20:02
    Exactement pareil.
    Je rentre de mon stage d'intégration de bac pro Imprimerie en...Haute Savoie ! Vallée d'abondance, tu dois connaitre !
    J'avais fait un trait sur l'école, et là,n cours chaque matin, cadre "novateur", mais c'est bien difficile de retrouver la mentalité de base des jeunes d'Ile-de-France (même si je suis vraiment bien tombé comme classe). Aujourd'hui retour en bus jusque dans le 93, passant par le 77, blasé. Même dilemme qu'avant, sauf que cette fois je me suis attaché à des gens que je ne reverrai plus si je ne vais pas en cours...
    6
    Remas
    Vendredi 17 Septembre 2010 à 20:11
    bin on va dire que c'est cool,
    comme ça tu peux attendre d'être majeur avec des bons potes, et limites bosser un peu dans l'imprimerie si tu veux gagner quelques sous.

    Moi j'étais en isère, à côté de grenoble.
    Réflexion, choix...
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